Six experts de l’AIEA ont mené une mission de soutien et d’assistance, entre le 1er
et le 5 septembre, sur le site de la centrale de Zaporijjia, en Ukraine.

D’après les experts de l’AIEA, il est impératif de créer une zone de
sûreté.
Déjà, un petit rappel des Initiales de l’AIEA, c’est L’Agence internationale de
l’énergie atomique ou en anglais : International Atomic Energy Agency.
Et Zaporijjia est la plus grande centrale nucléaire d’Europe.
Cette centrale se situe au cœur des affrontements entre Russes et Ukrainiens.
Occupée par des troupes Russes depuis Mars, elle subi des bombardements depuis le
5 août.
Nous n’allons pas ouvrir le débat sur les origines, ni les motivations de ses
bombardements. Juste mettre en lumière les conséquences.
Suite à ses événements, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, a donc
rapidement mis en place une équipe.
D’après les informations officielles, dans la période du 1er et le 5 septembre, une
équipe de six experts de cette Agence ont mené une mission de soutien et
d’assistance.
C’est Rafael Grossi qui a présenté les conclusions de la mission, au conseil de sécurité
de l’ONU, le 6 septembre. Elles seront publiées le même jour, dans le deuxième
rapport de l’agence sur la sûreté et la sécurité nucléaire en Ukraine.
À la suite de sa visite sur le site, l’AIEA demande la création d’une zone de sûreté et
de sécurité autour de la centrale ukrainienne cible de bombardements.
Car pour elle, les sept piliers de sécurité ont été violés.
« La situation actuelle est intenable et la meilleure action pour assurer la sûreté et la
sécurité des installations nucléaires de l’Ukraine et de sa population serait de mettre
fin à ce conflit armé maintenant », a incité Rafael Mariano Grossi.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
demande la mise en place de mesures provisoires urgentes pour « prévenir un accident
nucléaire causé par des moyens militaires ». La principale est « l’établissement
immédiat d’une zone de protection » autour de la centrale de Zaporijjia. Sans
attendre une hypothétique issue à la guerre.

La sûreté nucléaire est elle en menace constante ?

Depuis avril dernier, un nombre important d’événements ont « considérablement
compromis » les sept piliers indispensables, définies par l’Agence, pour assurer la
sûreté nucléaire et la sécurité pendant un conflit armé.
Voici une infographie qui permet d’illustrer ces principes

Le premier de ces piliers, qui porte sur le maintien de l’intégrité physique des
installations, qu’il s’agisse des réacteurs, des bassins de combustibles ou des
entrepôts de déchets radioactifs, a été violé à de nombreuses reprises.
Hors, les experts ont constaté des dommages sur plusieurs points de la centrale.
Notamment sur le bâtiment spécial qui abrite le combustible nucléaire neuf et
l’installation d’entreposage des déchets radioactifs solides, ou encore sur le système
de surveillance radiologique.
A ce sujet, Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste et cofondatrice de la Criirad
(Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) averti
dans un communiqué :
« L’installation de Zaporijjia n’a pas été conçue pour opérer dans une situation de
guerre et on ne sait pas à combien de tirs de missiles elle pourrait résister »
Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’IRSN, le confirme au micro de
France Info.
« Les bâtiments en béton cylindriques que l’on voit sur le site et qui contiennent le
cœur du réacteur ont été conçus pour résister à un certain nombre de choses,
notamment à la chute de certains avions. Il y a donc une certaine robustesse, mais ce
n’est pas prévu pour faire face à ce type de bombardements ».

Malgré tout, les niveaux de rayonnements ionisants dans la zone restent normaux.
Rafaël Grossi précise que « Si les événements passés n’ont pas encore déclenché
d’urgence nucléaire, ils représentent une menace constante pour la sûreté et la
sécurité nucléaires car les fonctions critiques de sûreté (confinement de la
radioactivité et refroidissement notamment) pourraient être impactées »

Le stress et la pression montent

Le deuxième pilier, stipule que tous les systèmes et équipements de sûreté et de
sécurité doivent être pleinement fonctionnels à tout moment, n’a pas non plus été
respecté.
D’autre part, l’AIEA demande à ce que le système de protection physique soit
exploité tel qu’il a été conçu et que les troupes russes retirent les véhicules qui
pourraient interférer avec le systèmes de sûreté et de sécurité.
Mais pour les experts : « Le personnel ukrainien, qui exploite la centrale sous
occupation militaire russe, est constamment soumis à un stress et à une pression
élevés ».
Et voilà le troisième pilier, dépassé car le personnel d’exploitation doit avoir « la
capacité de prendre des décisions sans pression indue ». « Le personnel est un point
central de la sûreté, confirme Michèle Rivasi. Ils sont de moins en moins nombreux et
en situation de stress constant. »
Rafael Mariano Grossi précise que : « Les événements passés représentent une
menace constante pour la sûreté et la sécurité nucléaires car les fonctions critiques
de sûreté pourraient être impactées »
Les marges de sûreté diminuent
L’obligation d’avoir « une alimentation électrique hors site sécurisée à partir du
réseau », qui constitue le quatrième pilier. Sauf que, « La fiabilité de cette
disposition, qui n’est pas une disposition d’exploitation courante, est limitée. Ce n’est
de plus pas une solution pérenne », précise l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN).
L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique demande à ce que « la redondance de
la ligne d’alimentation électrique hors site, telle que conçue, soit rétablie et
disponible à tout moment, et que toutes les activités militaires susceptibles
d’affecter les systèmes d’alimentation électrique cessent ».
Michèle Rivasi insiste sur « La perte des systèmes de refroidissement est un point
fortement inquiétant. Même lorsque ses réacteurs sont à l’arrêt, une centrale
nucléaire a besoin d’électricité pour être refroidie en permanence, sous peine d’avoir
des situations de type fusion du cœur et rejets radioactifs massifs. Ce type de

situation diminue les marges de sûreté et nous rapproche d’une situation
d’accident ».
L’obligation de voir des chaînes d’approvisionnement logistique et des transports
interrompus vers, et depuis, le site. C’est le pilier 5. La mission a relevé la difficulté à
livrer des pièces de rechange et du carburant diesel. « Les stocks de carburant
alimentant les diesels pourraient permettre leur fonctionnement pendant sept à dix
jours, délai au-delà duquel un ravitaillement devient nécessaire », explique l’IRSN.
Pour les pièces de rechange, le transport n’est possible qu’au cas par cas, « de
manière imprévisible et sur la base d’arrangements personnels ».
Quant au système de surveillance de la radioactivité et des moyens d’intervention en
cas d’urgence, qui constitue le sixième pilier.
Des bombardements ont endommagé des capteurs de détection des rayonnements, de
même que la caserne de pompiers de l’usine. Le centre d’urgence de la centrale n’est
pas accessible à son personnel car il est occupé par les troupes russes. L’AIEA
demande à ce que toutes les installations soutenant les fonctions d’urgence soient
rétablies.
Enfin, en ce qui concerne le septième et dernier palier, portant sur la fiabilité des
communications avec le régulateur, l’Agence relève que ce pilier a été « constamment
enfreint au cours de ces derniers mois ». « Les inspecteurs de l’autorité de sûreté
ukrainienne ne pouvant plus assurer leur mission sur site, il n’est pas possible de
savoir si les règles d’exploitation, notamment les essais périodiques et les opérations
de maintenance sont correctement appliquées », explique l’IRSN.
L’agence demande par conséquent à ce que « des moyens et canaux de communication
fiables et redondants, y compris la connectivité internet et/ou satellitaire, soient
assurés avec toutes les organisations externes nécessaires au fonctionnement sûr et
sécurisé de l’installation ».
Si la mission de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique a pu apporter un
éclaircissement sur la situation dans cette centrale. Même si elle a constaté que tous
ces piliers de sûreté sont enfreints, que peut-elle exigé des Russes, des Ukrainiens ou
du reste du monde ?
La logique de la nature humaine voudrait que les centrales nucléaires soient déjà des
zones protégées. Mais en temps de guerre, tous les coups sont visiblement permis.
Jusqu’à remettre la population mondiale devant une nouvelle catastrophe nucléaire, au
conséquences dramatiques sur le vivant.

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